Je suis avide de découvrir les histoires personnelles.
Comme écrit sur la quatrième de couverture de mes romans, je suis passionnée depuis toujours par la psychologie et l'amour. Mes récits dévoilent les parts les plus intimes de mes personnages, permettant à mes lecteurs d'y trouver un reflet de leurs propres expériences. Captivée par l'évolution du lien amoureux, je prends plaisir à le mettre en scène en plongeant au coeur de ses secrets les plus inavouables.
J'y ai inscrit la notion d'Humanité à travers le fait de commencer ma biographie par le mot "Homme".
2 - Comment en êtes-vous venu à écrire ?
J'aspire à l'écriture depuis que je sais lire et écrire. Mais la lecture a supplanté l'écriture pendant longtemps, jusqu'à ce que je me révèle à travers l'écriture à l'âge de 14 ans. "Le journal d'Anne Franck" en est le déclencheur principal.
3 - Votre premier livre " Les filles touchent de l'eau et les garçons voient une étoile filante" porte un titre très énigmatique. Pouvez-vous nous l'expliquer ?
"Les filles touchent l'eau" renvoie à un désir d'engagement profond dans la réalité, le présent. "Les garçons voient une étoile filante" révèle la notion de contemplation d'un temps qui passe à toute allure, avec cette peur de l'implication. Ce que j'ai tenté de décrire dans mon premier roman.
C'est toute la dichotomie entre les filles et les garçons qui vivent la temporalité de la vie en déphasage, et ainsi la relation de manière décalée. D'où la complexité de la rencontre, de la compréhension mutuelle, de la réciprocité que l'on voudrait permanente.
4 - Alors, dans ce récit 3 personnages. Livia, Camille, Andréa. Un coup de foudre incroyable, très puissant qui au final fera plus de mal que de bien. Comment est né ce roman ?
Ce roman est né d'une volonté de partager ce qui se vit bien plus fréquemment qu'on le pense: le coup de foudre réciproque. Et la question est "qu'est-ce qu'on est censé faire après?", faire après pour que ça dure, pour que cette émotion puisse se vivre le plus longtemps possible. C'est encore et toujours l'idée de l'éphémère qui prédomine, et la manière dont chacun des personnages gère cette idée.
5 - On découvre tour à tour Livia et Camille, leurs histoires, leurs failles, leurs blessures. Livia est dans une contraction totale dans la façon dont elle méne sa vie, dont elle aime même. Qu'est ce qui l'empêche d'être en accord avec elle selon vous ?
Ce qui l'empêche d'être en accord avec elle-même c'est la frustration de ne pouvoir vivre pleinement cette histoire d'amour avec Camille. Elle aurait souhaité que Camille lui ressemble dans cet empressement. Elle manque de confiance en elle parce qu'elle pense que c'est à cause d'elle uniquement si cette histoire ne prend pas vie. C'est là son erreur parce que c'est ce qui l'attache tant à l'exaucement de cette relation.
6 - Malgré leur attirance réciproque Livia et Camille ne cesseront de se repousser. Envahis tous les deux par cette peur paralysante de faire souffrir un jour l'autre. Mais il parait que c'est un signal d'amour vrai. Vous étes d'accord avec ce point de vue ?
Cela peut être un signal d'amour vrai. Il existe tellement de paramètres qui peuvent démontrer et renforcer le fait que ce ne peut être qu'un amour vrai. Il me semble que c'est particulièrement le fait d'y croire qui peut rendre vrai cet amour.
7 - Camille, est un homme dans l'auto destruction, fragile qui est sans cesse dans la fuite pendant un certain temps, refusant de s'engager. La fuite est-t-elle instinctive pour certains ? Et pourquoi d'après vous ?
La fuite peut être instinctive pour certains parce que c'est un moyen de défense habituel. C'est un habitus qui a été rendu automatique donc réflexe, à force de répétition. C'est sûrement pour cela que l'on peut dire que c'est instinctif.
8 - Votre second roman "Le jour où j'ai commencé à effacer les ombres" est totalement différent. L'amour reste l'épicentre autour duquel on découvre également l'homosexualité, le viol, la pédophilie. 3 vies encore une fois, 3 personnages.
Comment réussir à effacer ces ombres, c'est un peu ce que vous essayez de livrer à travers Ingrid , Paul et Marine non ?
Oui, réussir à effacer les ombres part d'une envie de changer cet habitus, le désir d'en finir avec cette répétition des schémas, parce que la douleur et la souffrance ne sont plus perçues comme un bénéfice secondaire. C'est prendre une direction qui nous ressemble, une trajectoire dans laquelle on peut et on se donne le droit de se sentir bien, d'être soi-même. Comprendre, et accepter cette direction, cette trajectoire comme une évidence. Se sentir heureux peut également devenir une habitude parce que c'est simple, c'est visé son essentiel.
C'est en tous cas un récit vraiment bouleversant, où nous sommes amenés à nous interroger, à nous mettre aussi a la place de celui qui nous fait parfois face. Il y a dans votre façon d'écrire, quelque chose de rassurant. Vous révélez des situations, des maux, et même des comportements connus et vécus qui sont impossible à comprendre et encore moins à expliquer. En vous lisant on se sent compris, entendu, et moins seule, moins isolé dans nos propres sentiments.
C'est un magnifique partage que vous créez grâce a vos mots entre vous et le lecteur.
Je vous remercie pour ces remarques. C'est très exactement ce que je souhaite transmettre.
9 - Ecrivez-vous spontanément, sur le vif ?
Oui, spontanément et sur le vif.
10 - Pourquoi ce symbole de l'infini sur chacunes de vos couvertures ?
Représenter l'infini sur ces couvertures me donne la sensation de le toucher du doigt, et ainsi espérer le faire toucher du regard aux lecteurs, comme pour le posséder intellectuellement, émotionnellement.
11 - Vous même vous aimez lire. Quel auteur vous a le plus marqué et pour quelles raisons ?
L'auteur qui m'a le plus marqué est Herbjorg Wassmo. Elle est née en Norvège. J'ai adoré la liberté avec laquelle elle dévoile un personnage féminin et ses penchants intimes, dans ces trois tomes intitulés "Le livre de Dina". Son style, même s'il est traduit, impose une candeur admirable.
12 - On dit que dans chaque livre, il y a une part de son auteur à l'intérieur. Est ce votre cas pour vos deux romans ?
Bien évidemment. J'y suis toute entière. Je ne peux pas faire autrement. Tout mon être, mon imagination, mon expérience professionnelle et personnelle imbibent chaque lettre de chaque mot de chaque phrase.
13 - Qu'aimeriez vous dire à vos lecteurs ?
J'aimerais leur dire de se régaler et se remplir d'émotions en me lisant. Qu'ils puissent fermer le livre en pensant clairement qu'ils ne sont plus seuls.